Rencontres archivées - Chroniques Lavalloises
Pour certains, Laval est un lieu vécu. C’est le souvenir d’une enfance passée à jouer dans les rues bordées de maisons identiques ; c’est la marque d’une appartenance à un lieu qui rythme la vie quotidienne. Pour d’autres, Laval est inconnue, effleurée ou imaginée. Elle prend parfois l’apparence de l’ombre portée de l’île de Montréal, située juste au sud, là où Laval est perçue comme la voisine dont on sait la présence, sans plus. On se fait une idée de ce qui l’anime, sans vraiment la connaître. On la voit peut-être comme un passage obligé pour se rendre dans les Laurentides, ou bien on peut croire qu’elle se résume aux trois stations de métro qui prolongent la ligne orange hors du territoire montréalais. Pour d’autres encore plus loin, Laval est un point sur une carte, une ville distante que l’on ne connaît que par le biais de photos, d’anecdotes et de statistiques. Dix artistes de Laval et d’ailleurs ont exploré différents aspects urbains, humains, géographiques et historiques de la ville. Leurs perspectives sont communiquées par une série de cartes postales, un recueil de Chroniques lavalloises. Les cartes postales traditionnelles illustrent et cristallisent les paysages et les monuments. Marquant ainsi le lieu et le temps, elles contribuent à la représentation identitaire d’un lieu donné et de sa collectivité. Dans ce projet, elles donnent de l’importance aux histoires simples, aux paysages éphémères, aux rêves ordinaires, et au potentiel de cette banlieue. Une cartographie partielle de la ville se dessine dans ces cartes postales, qui rendent compte d’expériences vécues, de visites sur le terrain, de recherches historiques et de projections de possibles. Par leurs travaux, les artistes offrent des propositions spéculatives, imaginatives et inexactes pour concevoir Laval. Julie Fournier Lévesque est allée parcourir le terrain des archives la menant à d’anciennes correspondances, du temps où Laval n’était pas une banlieue mais un territoire composé de paroisses et de villages. Ses Rencontres archivées sont des reproductions de cartes postales porteuses d’affects ; à leur endos se révèlent des fragments anecdotiques, bribes de conversations et histoires inachevées. Qu’elles aient eu un usage pratique ou sentimental, ces missives jadis privées et essentielles à la communication sont maintenant conservées précieusement dans nos institutions comme des objets patrimoniaux témoignant de l’histoire. Ces cartes sont passées entre plusieurs mains, provoquant des revirements successifs entre leur caractère privé et public. Aujourd’hui, une enveloppe plastifiée et un gant de coton nous séparent d’elles. Mariane Bourcheix-Laporte et Anne Marie-Proulx Chroniques Lavalloises est une co-édition de palindromes et Verticale - centre d'artistes |
For some, Laval is a lived experience—the memory of childhood spent playing on avenues lined with identical houses, the pulsations of its everyday life marking a sense of belonging. For others, Laval is unfamiliar, barely known or imagined. It can sometimes appear as a shadow cast by the island of Montreal, which lies just to the south, where Laval is seen as a neighbour, known to exist but little more. One constructs an idea of what makes it tick, without really knowing. It can be an unavoidable segment on one’s path toward the Laurentians, or just the three metro stations that extend the orange line out of Montreal. For those further away, Laval is but a place on a map, a faraway city one only knows through pictures, stories, statistics. Ten artists have explored various urban, human, geographical, and historical aspects of the city of Laval. Their different perspectives are conveyed through a series of postcards to form these Laval Chronicles. Postcards usually illustrate and crystallize landscapes and monuments, thus marking time and place and contributing to the visual identity of a given location and of its community. In this project, they foreground simple stories, transient surroundings, ordinary dreams, and this suburb’s potentiality. With their references to lived experiences, on-site expeditions, historical research, and the projection of possibilities, these artists’ postcards offer a partial topography of the city while proposing speculative, imaginative, and imprecise conceptions of Laval. Julie Fournier Lévesque took her fieldwork into the archives, into old correspondence from a time before Laval became a suburb, when it was a region of parishes and villages. The result is Rencontres archivées (Archived encounters), a work comprised of reproductions of postcards laden with affect. Their back sides reveal anecdotal fragments, snippets of conversation and unfinished stories. Whether used for sentimental or for practical purposes, these once essential and private communications are now carefully preserved in institutions as historical and heritage objects. Passing through various hands, they have shifted repeatedly between public and private spheres. Now they lie shielded from us by plastic envelopes and white cotton gloves. Mariane Bourcheix-Laporte and Anne Marie-Proulx Translated by Ron Ross Chroniques Lavalloises is a co-edition of palindromes and Verticale - centre d'artistes |